Anselmi

Roberto Anselmi est l'éternel rebelle de la région de Soave – un homme qui a tourné le dos au consortium de l'AOC Soave en 2000 parce qu'il n'aimait pas, entre autres, la production de masse. Depuis plus de 40 ans, il prouve dans les collines de Monteforte d'Alpone que le garganega est capable de grandes choses. Ses vignes sur tuf volcanique et calcaire entre 220 et 350 mètres d'altitude fournissent la base du San Vincenzo – une cuvée "irrévérencieuse" et non moins passionnante composée de 70 pour cent de garganega, complétée par du chardonnay et du sauvignon blanc.

Nous parlons du sommet du volcan éteint Monte Foscarino, à 350 mètres au-dessus du niveau de la mer. Là-haut, où le tuf volcanique forme la base et où les forêts de chênes assurent la fraîcheur nocturne, s'épanouit depuis 1982 l'un des plus précieux trésors de Roberto. Le Capitel Foscarino était déjà une légende lorsque Roberto était encore prisonnier du consortium Soave – aujourd'hui, il est synonyme de pure typicité de terroir sans compromis réglementaire DOC. 90 pour cent de garganega et dix pour cent de chardonnay issus de vignes tendues horizontalement, qui sont rigoureusement éclaircies en juin afin que seuls les grains les plus puissants survivent.

Seulement 1,5 kilomètre sépare les vignobles de Capitel Croce et de Foscarino – mais géologiquement, il y a un monde entre les deux. Alors que Foscarino est enraciné dans la roche volcanique, Croce trône sur le calcaire pur de la colline de Zoppega. "Croce comme Calcareo", aime à dire Roberto en guise de moyen mnémotechnique. C'est ici, dans les zones les plus élevées de sa propriété, que pousse depuis 1982 son vin peut-être le plus intransigeant : 100 pour cent de garganega, élevé pendant huit mois dans de vieilles barriques de l'Allier. Ce qui rend ce vin si exceptionnel, ce n'est pas seulement son origine, mais l'approche radicale de Roberto : seulement 45 hectolitres par hectare, des vendanges sélectives tardives avec jusqu'à douze passages, jusqu'à ce qu'il ne reste que les baies les plus parfaites. La fermentation se fait directement en barrique, ce qui permet au fruit et au bois de se fondre dès le début.

Roberto Anselmi et le vin rouge ? En fait, cela ne va pas du tout ensemble. Alors que ses collègues de la région de Soave ont depuis longtemps pris le train de l'Amarone ou produisent des vins rouges d'exception comme Inama dans les Colli Berici, ce puriste du vin blanc reste en fait fidèle à sa ligne depuis des décennies. A une exception près : au pied du Monte Zoppega, caché entre ses chères vignes de Garganega, pousse depuis des années un petit secret : Realda, du nom d'une église historique. Seules 7.000 bouteilles de ce seul vin rouge du portefeuille Anselmi sont produites chaque année – un petit jeu, comme le dit Roberto lui-même, mais un sacré bon jeu, selon nous. 100 pour cent cabernet sauvignon, 18 mois d'élevage en barriques françaises de troncais, six mois supplémentaires de vieillissement en bouteille.

Lorsque Roberto Anselmi parle de ses vins doux, ses yeux brillent différemment. Ici, le rebelle est soudain un traditionaliste – car I Capitelli représente l'art séculaire de la Vénétie de créer un nectar doré à partir de raisins séchés. Mais là où d'autres cherchent au moins la reconnaissance DOC pour le Recioto di Soave, Roberto enfreint à nouveau toutes les règles : Son passito est tout simplement un "vino bianco" – un vin de table. La forme la plus radicale de protestation.